jesus ochoa fearless award

Fearless Award by Jesus Ochoa

Comment gagner des concours de photos de mariage

Alerte titre putaclic  !!! Dans ce post , je ne vais pas dévoiler comment gagner des concours de photos de mariage, tout simplement parce qu’il n’existe pas de méthode.. À la rigueur on apprendra comment éviter de perdre à coup sûr… ( indice : respectez les règles). Ici, on va effectivement parler concours de photos de mariage, mais je voudrais vous évoquer mon expérience de juge que j’ai pu vivre récemment. Ceux qui suivent mon travail savent que j’en fais quelques un (certains diront beaucoup). Il suffit de voir ma page consacrée à ces concours pour voir qu’effectivement, j’y vais franchement. J’y accorde énormément d’importance car je suis persuadé que c’est un des meilleurs moyens pour progresser. En confrontant son travail à tout ce que le monde de la photo de mariage compte de gens talentueux, on ne se repose pas sur ses lauriers. Bien sûr, ce qui compte c’est la satisfaction des clients avant tout, mais on sait très bien que l’affect qui est mis dans leur propres photos de mariage biaise forcément le jugement. Si, en plus, on gagne des prix internationaux, c’est que notre travail a aussi une valeur pour les gens qui ne sont pas concernés au 1er chef. Donc, logiquement lorsqu’on est concerné ET, que la photo est une vraie réussite objective, alors c’est la perfection pour le client. Les concours de photos de mariage auxquels je participe régulièrement sont les suivants : – Fearless Awards (international) – ISPWP (international) – WPJA (international) – WPS Excellence Awards (international) – Et le nouveau venu Regard d’Auteur, issu du site français du même nom  (français)

Fearless Award by Making the Moment

Dernièrement, j’ai eu l’immense privilège de passer de l’autre côté du miroir, je suis devenu juge pour 2 de ces prestigieux concours. WPS et Fearless Awards. Tout d’abord, je redis ici mon immense gratitude envers les responsables de ces 2 organisations (high five Huy and Darius). C’est vraiment une marque de confiance qui me touche et m’honore. Avant de commencer à juger, j’avoue que je suis excité comme une puce, je vais enfin savoir comment ça se passe en coulisses. Je vais donc vous raconter comment on procède, histoire de démystifier un peu car on lit beaucoup de choses, c’est un sujet très passionnel. ronan jeagaden WPS excellence award

WPS Excellence Award by Ronan Jegaden

Wedding Photography Select

Collection 29, visible ici

J’ai été jury de ce concours à l’automne dernier. Près de 3000 photos sont envoyées aux juges. Nous sommes 4 et ne nous connaissons pas. Nous ne savons même pas qui est juge, nous l’apprenons à la fin du processus de vote. Particularité, les juges peuvent participer. Évidemment le système est bien fait on ne peut pas voter pour ses propres images. Les 3000 photos sont accessibles depuis un site. Par paquet de 50. Une page de 50 photos à chaque fois. On doit alors voter pour la photo et la noter, de 1 à 5 étoiles. On peut se faire une idée du vote des autres juges car la moyenne de leurs votes s’affiche via les étoiles. Exemple, je suis le 3e à juger la photo, le 1er a mis 1 étoile, le 2e en a mis 5. La photo affiche donc 3 étoiles (60%) avant mon vote. Il faut faire très attention car une fois qu’on clique plus moyen de modifier son vote. Nous n’avons strictement aucune consigne et sommes libres à 100% de nos choix. À nous d’appliquer NOS propres principes et propres grilles de lecture. Même pour le nombre, nous sommes libres. À la fin, seules les photos ayant recueilli au moins 65% sont awardées. Il en restera  270, sur les 3000 du départ, soit 9%.

luis efegenio wps excellence award

WPS Excellence Award by Luis Efigénio

Fearless Awards

Collection 41 visible ici

Fearless c’est le concours roi, le plus prisé, le plus select. Il a une influence folle. Gagner le titre de Fearless Photographer of the Year change radicalement sa carrière. Cette année c’est Isabelle Hattinck qui décroche le pompon et devient Fearless Photographer of the Year 2017. Bravo à elle, c’est totalement mérité ! Pour ce concours la méthode est assez différente. Huy N’Guyen, le boss de Fearless, désigne publiquement les juges. Nous sommes 3. Nous recevons exactement 9358 photos. Consigne nous est donnée d’en sélectionner environ 100-300. Wahou, ça s’annonce compliqué ! Dans un premier temps j’applique un editing « in » et non « out », ce qui veut dire que je me concentre sur celles que je veux garder au lieu de me concentrer sur celles à rejeter. Je procède avec Lightroom et tous ses systèmes de marquage possibles (flag, étoiles, couleurs…) Après de nombreux tris, j’arrive à 196, c’est parfait, mais c’est un véritable crève cœur. Tant de bonnes images que j’ai dû mettre de côté. J’envoie alors à Huy ces images. Mes confrères font de même et quelques jours plus tard nous recevons un lien pour voter pour l’ensemble agrégé de nos images. Il y en a 540. Nous devons alors les noter de 0 à 2. Seules les photos ayant obtenu 4, 5 ou 6 points sont sélectionnées. C’est de nouveau des déchirements car des superbes images sont écartées à cette étape aussi. En bout de course il reste 218. 218 sur les 9358 du départ. Soit 2,3%… voilà le niveau de difficulté ! Certains décrochent 3 ou 4 awards sur un même round. Si je me souviens de mes cours de probabilités, 3 awards ça fait une probabilité de l’ordre de 0,001 %, 1 chance sur 100000… Leonard Walpott Fearless Award

Fearless Award by Leonard Walpot

Mes critères de sélection

Bien que nous avions carte blanche pour juger, j’ai décidé de me contraindre, pour les 2 concours, à une grille très précise. J’applique d’abord mes critères d’élimination : Tout d’abord les « tricheurs » : – les photos manifestement faites avec des mannequins professionnels (soyez futés les gars, ça se voit en général) – Les petits malins qui envoient 2 fois la même image sous 2 noms différents – les montages photos et autre composites. Puis les photos qui sont imparfaites : – les portraits avec de poses trop communes (2 silhouettes face à face par exemple) – les images où le seul sujet est la technique du photographe – les mutilations, comme des bouts de doigts qui manquent à cause du cadrage – les photos qui montrent trop de personnes non impliquées dans l’action principale – les images dont la qualité technique est insuffisante (erreur flagrante de MAP, de vitesse, de PDC …) – les images dont le post traitement et vraiment trop poussé, comme les débouchages trop violents (allez y mollo, rattraper 5 à 6 diaf sur un visage c’est cracra) – les images pour lesquelles il n’y a rien qui permet de savoir qu’elles viennent bien d’un mariage (oui, des fois on a un doute) Et enfin celles qui ne m’évoquent rien du tout de par leur nature : – les images au drone, que je trouve souvent un peu ennuyante, c’est la grande mode depuis 2 ans, on en voit trop je trouve. – les images de mariées aux toilettes. Non faire pipi n’est pas Fearless. La reine d’Angleterre aussi fait pipi ! – les natures mortes (alliances, robes etc…) – les photos sexistes, comme la mariée en lingerie avec le marié habillé en position « de supériorité » Marga Marti fearless award

Fearless Award by Marga Marti

Une fois retirées toutes ces images, il en reste encore beaucoup, des milliers, et c’est là que la fète commence. C’est une véritable torture. Tant d’images de qualité pour si peu de place. Je décide de privilégier les moments authentiques, de pur reportage, parce que c’est ce qui me fait vibrer. Ce qui veut dire que les portraits ne sont pas ma priorité et encore moins les moments « joués » ou mis en scène. Cependant je ne me ferme à rien et si un portrait est vraiment fou par sa lumière, sa composition, alors je le sélectionne. Et j’ai beaucoup de bonnes surprises. Il y a plusieurs photos qui ne sont pas dans mon style personnel que je sélectionne. J’applique cette technique tout au long des différentes étapes, depuis le 1er tri jusqu’au vote final. Marga Marti fearless award

Fearless Award by Franck Boutonnet

Les biais et la question de l’anonymat

Dans les 2 cas, les photos sont présentées de façon anonyme. Rien ne doit pouvoir permettre de les reconnaitre. Le nom du fichier doit être « neutre », pas de watermark, rien de distinctif . C’est globalement respecté. Il y a forcément des gens qui oublient de respecter ces règles. Ils sont mis de côté, forcément. Dura lex, sed lex. Pour autant l’anonymat strict est impossible. Notre monde de photographes de mariage est un microcosme et il arrive parfois qu’on reconnaisse l’image d’un confrère ami, ou qu’on reconnaisse le style caractéristique de quelqu’un. C’est là qu’il faut être vigilant. Non, on ne vote pas pour les copains et pour ma part j’avais même tendance à presque être plus sévère avec les images de mes amis pour ne pas éveiller le moindre soupçon. Cependant ça reste extrêmement marginal. Tout d’abord parce qu’on ne connait pas tout le monde, ce sont des concours mondiaux. Pour Fearless sur les près de 9500 images, j’ai dû reconnaitre 50-60 photos au maximum. Il m’est même arrivé de penser à quelqu’un et de me rendre compte une fois les résultats publiés que ce n’était pas du tout cette personne ! Et puis surtout la masse de bonnes images est déjà naturellement là, pas besoin d’orienter dans un sens. À l’inverse, il peut arriver que lors des dernières délibérations, on privilégie une image nouvelle à une ayant déjà gagné de nombreux autres prix.

Donc, oui il y a des biais, mais absolument minuscules. La stricte objectivité est une chimère, nous ne sommes pas des algorithmes. Mais il faut savoir qu’on ne gagne pas ces prix par copinage. Et surtout pas quand mois après mois, les mêmes personnes sont récompensées par des jurys sans cesse renouvelés. davina kudish fearless award

Fearless Award by Davina Kudish

Au final, je me rends compte que le niveau est incroyablement élevé. Moi qui pensais à un prisme déformant, car je baigne dans ces images à longueur d’année via les réseaux sociaux (les fameuses bulles de filtrage). Et bien non, la photographie de mariage c’est VRAIMENT désormais un monde incroyablement inventif et rempli de gens super talentueux. Sur l’ensemble des images envoyées (je dis bien envoyées, les milliers du départ), au moins 80% sont de très bonnes images. On est aujourd’hui à des années lumières de ce qu’il existait ne serait-ce qu’il y 5-6 ans. C’est vraiment une super nouvelle pour nos clients, l’offre de bons photographes de mariage sur le marché est énorme. Du côté des photographes, pour gagner des prix, la concurrence va être de plus en plus rude, d’années en années, mais ça va donner encore plus de valeurs à ces concours. N’est-ce pas ça qu’on appelle un cercle vertueux ? En tous cas ces 2 expériences ont été incroyables pour moi. Ça met en lumière tellement de choses sur notre milieu, c’est tellement enrichissant (et aussi tellement difficile et frustrant), merci Huy et Darius pour m’avoir fait confiance. Je sais que cet article sera principalement lu par les photographes de mariage. Désolé les gars, le titre était mensonger, je n’ai pas eu la prétention de vous dire comment gagner des concours de photos de mariage, mais vous savez maintenant au moins ce qui peut passer dans la tête d’UN juge parmi tous ceux qui remplissent cette tâche. Quant au futurs mariés, je ne peux que vous conseiller de jeter un oeil à ces concours lors du choix de votre futur photographe. Vue la difficulté à gagner des concours de photos de mariage vous avez de fortes chances de trouver quelqu’un de talentueux dans l’ensemble de son travail. Merci à tous les photographes récompensés de m’avoir donné l’autorisation d’utiliser leurs photos pour illustrer cet article.

Fearless Award by Carlos Negrin

Fearless Award by Marieke Lodder

Fearless Award by Rino Cordella

Fearless Award by Three Owls Studio

WPS Excellence Award by William Lambelet

3 réponses

  1. bonjour
    merci pour cette superbe article
    je ne souhaite pas participer aux concours mais pour ma culture personnelle , toujours bon à prendre
    cdt jimmy

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