Mariage à l’abbaye de Collonges, j’ai été second shooter

Je voulais vous parler de cette nouvelle tendance qui devient très populaire dans notre métier. Le second shooter.
En quoi ça consiste ? Un second shooter est un 2e photographe qui vient seconder le photographe principal.

Plusieurs cas de figures

Toute la subtilité tient dans ce mot « seconder ». Qu’est-ce que ça signifie ?

1 – seconder veut dire « assister ». Le second devient alors l’assistant du photographe principal, et exécute alors les tâches qui lui sont confiées. Cela peut être des opérations de prises de vue, mais aussi de la pure logistique. Le second shooter peut dans ce cas faire des photos un peu moins « sexy » (groupes par exemple) pendant que le principal se concentre à 1000% sur le reportage.

2 – seconder veut dire « prendre le relai » . Il est parfois nécessaire lors de certains mariages d’être plusieurs, pour des questions de déplacement (différents lieux par exemple), pour des questions culturelles ( mixité homme / femme) ou plus fréquemment, car le nombre d’invités est conséquent et qu’une personne seule aurait du mal à couvrir le reportage.

Dans ces 2 cas il s’agit de missions qui sont demandées au second shooter qu’il convient alors de rémunérer.

Cependant il existe un 3e sens :  Accompagner. Et c’est surtout de ceci dont je vais parler. Accompagner pour soi, pour le plaisir, pour regarder, pour essayer.
On entre là dans une pratique très différente. Le second shooter n’est plus en mission commandée mais est là en roue libre, pour lui, par choix personnel.
Il vient alors sur son temps personnel et n’est pas payé.
Pourquoi venir passer une journée de mariage par choix personnel au lieu de rester tranquille chez soi à tondre la pelouse et regarder The Voice, activités typiques d’un samedi ordinaire en France ? Mais pour pleins de raisons :
– Pour voir comment travaille un photographe de renommée dont on apprécie le travail
– pour alimenter son portfolio avec des images lorsque l’on est débutant
– pour tenter des expériences photographiques sans la pression de l’obligation de résultat

La saison passée j’ai accueilli plusieurs seconds shooters qui sont venus dans cette 3e optique.
Et forcément, j’ai voulu passer de l’autre côté et ai tenté l’expérience inverse : à l’été 2016 et en ce début de saison 2017.

En route pour Lyon

La dernière fois, ça s’est passé en février dernier. J’ai suivi mon ami Sebastien Clavel, photographe lyonnais.
Je suis donc parti dans l’idée d’expérimenter avant tout, et de prendre le temps qui manque forcément  lorsqu’on est photographe principal.

Direction Lyon pour le mariage de A+F.
Préparatifs dans un Palace 5 étoiles, messe, et soirée à l’Abbaye de Collonges, chez Paul Bocuse. On va dire que les conditions de travail sont plutôt bonnes 🙂
Les préparatifs ont duré très longtemps, ce qui nous a laissé le loisir d’essayer plein de choses différentes.

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Le début de cérémonie a par contre été assez chaotique : gros stress de la part des mariés qui a un peu désorganisé le début de la messe.
La soirée s’est déroulée à l’abbaye de Collonge, lieu mythique que je rêvais de voir.

Quels sont les problèmes rencontrés ?

1er écueil : il est très difficile de sortir de ses habitudes. Je photographie des dizaines de mariages chaque année, il y a obligatoirement des habitudes qui ont la vie dure et je suis alors tenté de faire des photos que je pourrais faire en photographe principal. Alors que je ne suis pas venu pour ça !

2e problème : je suis encombrant ! Oui je me déplace avec des pieds et des flashs que j’installe un peu partout dans la pièce. Si les mariés n’y prêtent pas attention, Sébastien le photographe officiel, lui oui. Il est adorable, on s’entend bien, mais avec le recul je me rends compte que j’ai été gênant parfois. En plus, ce jour là un vidéaste est présent également ! Ça fait du monde. On essaye de se coordonner, ils doivent tous les 2 avoir la priorité mais ça génère parfois un peu de frustration pour moi ; certaines images ne seront donc pas possibles.

3e problème : la diplomatie et le savoir vivre. Ce n’est pas un problème en soi, mais une chose avec laquelle il faut compter. D’accord je suis venu pour moi, mais j’ai été accepté par Sébastien et les mariés. Je suis le demandeur, ils acceptent, donc je me dois d’être reconnaissant. Et surtout souple. J’accepte d’aller remplir une mission : je suis les garçons chez le barbier car Sébastien doit rester auprès de la mariée.

 

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De la même façon, je prends 30 sec pour faire les images que Sebastien ne peut pas faire car il est bloqué par le curé à l’intérieur de l’Eglise : la mariée au bras de son père et une vue extérieur de l’église. Au cocktail alors qu’il est occupé aux photos de groupes, il me demande de réaliser quelques portraits volés des invités. Ce n’est pas les photos que j’envisageais de faire, mais je ne vais surtout pas faire ma diva.

 

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Une fois qu’on a intégré tous ces éléments on commence alors à réfléchir aux images qu’on peut essayer de réaliser.
La cérémonie n’a pas duré très longtemps, mais n’ayant aucune obligation, il n’y avait pas de risque de rater les consentements ou autre moment crucial : j’ai donc réussi à me détacher et à travailler pour moi. Une totale liberté de mouvement m’a permis d’aller et venir partout : suivre des enfants, sortir de l’église et faire une vue depuis l’extérieur ou partir très loin lors de la sortie. Pour cette dernière image, j’ai un flash à 100% de puissance derrière les mariés, avec le temps de recyclage, pas le temps de faire une 2e prise, la 1ere dois être la bonne. Un second shooter peut prendre ce risque.

 

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De la même façons lors de la soirée, je peux m’éloigner et photographier des discours de loin ou me focaliser sur une personne (la mariée forcément… ) sur le dance floor et « oublier » les autres invités.
Libre de prendre des parti pris, pas de de danger de rater la réaction des parents au discours, ou de ne pas avoir la grand mère sur le dance floor.
On peut aussi tester des plans d’éclairage inédits.

 

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Au final, que retenir et quels conseils pour l’avenir ?

C’est une expérience exceptionnelle pour celui qui, comme moi, est passionné par son métier. Une occasion unique de trouver un terrain d’essai grandeur nature. C’est le complément idéal de toutes les formations théoriques et autres conférences.
S’il fallait ne retenir qu’une chose : c’est extrêmement frustrant. Frustrant car on s’imagine avec 1000 occasions de faire 1000 choses.
Mais non, c’est un mariage avec son lot d’imprévus. Donc, futur second shooter, venez mais préparez bien votre sortie : focalisez vous sur une technique, sur un ou 2 objectifs, pas plus.
Par exemple dites-vous  :
« je ne vais faire que des plans larges depuis des points de vue alternatifs »
« je vais suivre les enfants »
« je ne vais travailler qu’au 35mm »
« je ne vais pas faire de photo et regarder comment travaille ce rockstar photographer » etc….
Au delà, sans objectif clairement défini, on se prend les pieds dans le tapis et ce n’est pas si efficace.

Ça oblige forcément à renouveler l’opération 1 à 2 fois dans l’année, je prends donc les réservations pour cette saison qui s’ouvre et retenterai l’expérience avec un vrai plan d’attaque militaire la prochaine fois.

Dans tous les cas, merci à toi Sébastien de m’avoir supporté et merci aux mariés, vous avez été top !

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